C’est décidé, je pars en Afrique !
Je remercie Boury pour avoir accepté de partager son expérience avec nos internautes.
Il y a environ un an, nous avons interviewé Mylène qui nous avait parlé de son expérience anglaise. Tu retrouveras son interview ici Aujourd’hui, nous allons partir sur un continent exotique !
Tu veux changer d’air, changer de vie ? Tu veux acquérir une expérience nouvelle ou tu veux retourner à tes racines? Pourquoi pas l’Afrique ?
Bienvenue à Dakar!
J’ai interviewé Boury. Elle a travaillé quelques années en Afrique en tant qu’ARC après avoir exercé en France en tant que TEC. Forte de cette expérience, elle est de retour en France, en tant que Lead CRA.
Bonjour, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours professionnel?
Je m’appelle Boury, j’ai 30 ans et suis titulaire d’un diplôme d’Ingénieur en Génie biologique. J’ai débuté ma carrière comme ARC hospitalier au CHU de Nice, puis j’ai décidé de poser mes valises à plusieurs milliers de kilomètres de la French Riviera, dans mon pays d’origine : le Sénégal.
À Dakar, j’ai occupé le poste d’ARC monitrice au sein d’une CRO à taille humaine. Aujourd’hui, de retour en France, je poursuis ma carrière d’ARC dans une société de biotechnologies à Nice Sophia-Antipolis.
Pourquoi as-tu décidé de partir travailler en Afrique ?
Le choix de migrer en Afrique repose avant tout sur des raisons personnelles. Je n’avais jamais envisagé de travailler en Afrique avant, au Sénégal tout particulièrement. Finalement, l’envie de nouveaux challenges m’a définitivement persuadée.
Comment as-tu trouvé un emploi en Afrique?
Depuis la France, j’ai commencé à investiguer les possibilités d’emploi au Sénégal. Google était alors mon meilleur allié ! La recherche clinique semblait peu développée et restreinte à quelques projets. Je réalisais alors que la recherche d’emploi n’allait pas être de tout repos. J’ai contacté les principaux acteurs dont j’avais connaissance ; en outre l’Institut Pasteur, l’ANRS, l’IRD et l’ONG Espoir pour la Santé. J’ai bien eu deux ou trois entretiens qui m’ont aiguillé mais n’ont pas donné lieu à une proposition d’embauche.
Sur place, avec un CV à jour, quelques contacts et lettres de recommandations en poche, j’ai recherché la liste des ONG présentes sur Dakar. J’ai mis à jour mon profil LinkedIn, et fourni mon CV à toute personne ou proche susceptible d’avoir un contact dans la recherche (au sens large car j’ai envisagé de chercher un emploi dans la recherche fondamentale).
Se faisant, j’ai rencontré le responsable d’une ONG ainsi qu’un médecin responsable chez Sanofi Pasteur. Ce dernier m’a fourni le nom d’une CRO. J’ai été étonnée par la présence d’une CRO sur Dakar mais empressée de consulter son site internet et de contacter sa Manager. Quelques mois plus tard, j’intégrais la structure.
Quelles étaient tes missions, en quoi cela consistait ? Est-ce qu’il y a des différences dans la pratique du métier en Afrique?
La majorité des ARCs en Afrique de l’Ouest ont un profil de médecin. C’est une activité qu’ils occupent soit à temps plein, soit en extra avec un statut de Freelance. Les autres ARCs, à ma connaissance, sont des expatriés avec une expérience de la recherche clinique en Europe.Mes missions consistaient à réaliser le contrôle qualité de données d’une phase II et d’une phase III en vaccinologie. Beaucoup d’études restent cependant des études non-interventionnelles, de type épidémiologiques.
L’équipe investigatrice se compose d’un Investigateur principal, de plusieurs co-investigateurs, d’un study coordinator, d’infirmiers, de techniciens, d’un pharmacien ou équivalent et de « fieldworkers ». Les sponsors sont des ONGs, des grands groupes pharmaceutiques ou des petits sponsors académiques (alors européens).
Les « fieldworkers » sont des agents de terrain en charge de la collecte de données patients au cours de visites au domicile du patient, tout au long de l’étude.
Un ARC en Afrique suit, comme n’importe quel autre ARC dans le monde, les recommandations de bonnes pratiques cliniques – ICH/GCP. Comme pour tous les pays, il existe des requis réglementaires spécifiques. Par exemple, au Sénégal, c’est l’Investigateur principal qui est responsable de la soumission de l’étude au Comité d’Ethique et à l’Autorité Compétente (quel soulagement pour nous, les ARCs !).
La mise en place de l’étude a consisté à réaliser des visites de qualification et d’initiation. Pour réaliser le monitoring, j’ai travaillé sur du CRF papier et du CRF électronique. S’en suivait un reporting classique des visites. J’ai forgé mes compétences en monitoring auprès d’une personne dans le métier depuis des années.
Vous devez vous attendre à des conditions de travail parfois éprouvantes :
- Le site d’investigation était situé à 150 km de Dakar, ce qui pouvait représenter entre 2h30 et 3h30 de route. Vous arriverez souvent sur site déjà bien esquinté.
- Bien souvent, vous passerez une ou plusieurs nuits sur place. Le confort y est simple et sommaire.
- En Afrique, attendez-vous aux coupures intempestives d’électricité. Autant vous dire qu’il faut pouvoir supporter travailler sous des températures excessivement élevées. D’ailleurs, en de telles conditions, une vigilance accrue sur le matériel et les infrastructures de l’étude s’impose.
Comment sont les sénégalais ? Est-ce facile de s’intégrer?
Je n’ai pas de souvenirs de problème d’intégration au sein de la société, ni au sein de l’équipe investigatrice. Sur site, j’étais toujours accueillie à bras ouverts et le personnel parvenait à rendre agréable mon temps de présence au vu des conditions de travail.
Fort heureusement, les sénégalais sont très accueillants, ouverts, et travaillent avec beaucoup de professionnalisme et de rigueur. Ils sont aussi très friands de développer une recherche clinique de qualité.
Est-ce que tu as des conseils pour les ARCs qui souhaitent partir s’installer au Sénégal ou en Afrique ?
Ma principale recommandation est d’arriver sur place fort d’une expérience significative sur le terrain, de préférence en monitoring, de 1 an et demi à 2 ans, car elle vous apportera une légitimité auprès des acteurs locaux.
Quel salaire puis je m’attendre en partant en Afrique par rapport au niveau de vie ?
Par rapport au niveau de vie, les salaires sont tout à fait convenables et équivalents à ceux des cadres supérieurs du pays : compter en moyenne 1200 euros.
A ce salaire net, se rajoutent les « per diem » ; un forfait pour vos frais de mission calculé au prorata du nombre de jours de travail effectués sur site. Il constitue un avantage en nature non négligeable.
Le salaire des ARCs freelances peut atteindre le double des salaires des ARCs en interne.
Quels sont tes futurs projets?
Mon projet actuel est de continuer à réaliser des activités de monitoring sur des projets innovants tout en renforçant mes compétences en recherche clinique.
Pour le moment, je n’envisage pas de me réinstaller en Afrique.
Est-ce que la recherche clinique est un secteur qui recrute en Afrique et au Sénégal ?
Il est difficile de trancher de manière claire sur ce point. Les collègues avec lesquels j’ai pu travailler sont dans le domaine depuis près de 10 ans et ont une activité plutôt stable.
Pour autant, les offres d’ARC ne sont pas monnaie courante ! Si les projets et l’entreprise sont au rendez-vous, vous pourrez accéder à un poste.
Comment as-tu préparé ton départ?
Vous devrez vous faire vacciner contre la fièvre jaune (valable 10 ans) et votre médecin vous prescrira des anti-paludéens. Sur place, consommez l’eau en bouteille.
Prévoyez des habits d’été que vous porterez d’avril à novembre. Ne vous méprenez pas, vous pourrez avoir froid en matinée et en soirée le reste de l’année. La saison des pluies s’étale de juillet à septembre et vous noterez, qu’en absence d’un nombre suffisant de canalisations, les inondations provoqueront embouteillages et autres déconvenues.
Côté logement, je n’ai pas eu grand-chose à faire, j’avais de la famille sur place. Vous pourrez vous appuyer sur des agences immobilières pour trouver un logement en périphérie de Dakar (loyers très élevés en centre-ville !).
Les banques existent à profusion, vous n’aurez pas de difficulté à ouvrir un compte bancaire.
La langue nationale dominante est le wolof, bien que les sénégalais parlent français au quotidien. Les sénégalais apprécieront de vous voir maitriser quelques mots de wolof !
Enfin, vous égayerez vos papilles en dégustant du riz au poisson ou du poulet yassa. Le riz reste la base des plats sénégalais. Le mil est une céréale également très prisée.
Il existe bon nombre de restaurants aux spécialités européennes, vous ne serez donc pas dépaysés.
Les 3 choses que tu adores en Afrique ?
- La solidarité familiale
- Porter le boubou à volonté, accoutrement national
- Redécouvrir de plats sénégalais
Les 3 choses que tu détestes en Afrique?
- Les coupures d’électricité et d’eau
- L’état des routes et embouteillages
- La pollution et la chaleur suffocante
Les 3 choses qui t’ont manqué par rapport à la France ?
- Les amis proches
- Les espaces verts et les loisirs à coûts raisonnables
- Un vrai week-end shopping
Les 3 choses qui ne t’ont absolument pas manqué en France ?
- Les formalités administratives
Merci à Boury pour cette interview. On te souhaite une bonne continuation et une belle carrière en recherche clinique.
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